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Pince-moi je rêve par Rémi Checchetto

Le monde de ce siècle le vingt-et-unième dans la liste, en est à sa genèse, ça sent le souffre et la glace, c’est pas trop le matin du monde et son haleine est chargée en voulez-vous en voilà, néanmoins des enfants naissent encore qu’on promène dans des poussettes et qui verront peut-être la fin de ce vingt-et-unième, La Miss n’est pas déjà arrivée, tardive est un peu son arrivée qui sera néanmoins éclatante et salvatrice, d’ailleurs tenez la voilà entre chien et loup avec un vert croco, et le monde d’un coup fait ouf, c’est que le monde qui est aussi barbouillé que tracassé, a néanmoins des yeux partout et sait que là où passe La Miss ça remet de l’ordre dans ses synapses, de l’allégresse dans ses rouages et du bonus à sa partie, aussi redit-il même une seconde fois ouf




ouf

 Tous les jours sont jours de pleine lune, les jours comme de nuit, tous les jours comme de nuit c’est pince-moi je rêve y’a des crocos sur la glace, des oranges sur la neige, des miss la même partout en plusieurs exemplaires, des mirages en veux-tu-en-voilà, des miracles à tous les étages, tous les jours comme de nuit y’a le train-train qu’est plus là, on voit le monde comme par le grand bout de la lorgnette, l’horizon en est carrément plus large, on y voit plus clair, la planisphère est une orange toute orange, on sourit et rit, ça sort de notre bouche en buée bleue, on échappe immédiatement à l’anonymat cruel dans lequel nous sommes jetés, nous sommes ceux-ce qui sourient et rient tandis que les crocos avancent dans la ville




des miracles

C’est qu’elle est ainsi, La Miss, elle n’hésite pas à se hisser sur ses propres épaules pour penser plus haut et faire plus beau, elle n’hésite pas plus à avoir vingt bras et autant de mains et autant de jambes et pieds pour vous transformer le paysage et vous changer le quotidien, c’est qu’il lui faut tout ceci et cela pour traduire ce qui se chante doucement dans sa tête et le métamorphoser en faits et gestes et oranges, tout ce qui se chante dans sa tête doucement et comment dire ? tumultueusement ? tapageusement ? non, plutôt des chansons qui franchissent allègrement des rivières pleines de crocos là où des ponts côtés en bourses les passent pesamment 


ce qui chante

On la regarde faire, La Miss, c’est rafraîchissant comme un verre de Volvic, c’est guai comme une bulle de Perrier, fin comme la nervure du mimosa, on en retrouve nos zygomatiques, on pensais que faute de servir ces derniers temps, ils avaient quitté notre morphologie, mais non, nous les avons encore et en bon état de fonctionnement en prime, d’accord, ils étaient chouia rouillés et coincés au début, chouia poussiéreux et presque aux oubliettes de notre histoire, mais bon ça s’est dégrippé, un petit coup d’œil à La Miss croco sous le bras a bien suffit et les voilà tout ragaillardis, tout pimpants allant dans les crescendos du sourire, dans les dièses du bon rire, celui qui permet l’expulsion du vieil aire que nous avons au fond des poumons et de toutes les toxines et turpitudes qu’il emmagasine 



un verre de Volvic

C’est que La Miss elle vous prend par exemple l’affreux réchauffement climatique dans les mains, jongle prestement et joliment avec, souffle trois petits coups dessus et vous en fait une boule de neige avec une orange comme noyau, et nous de notre côté nous nous mettons bien en face de la trajectoire de la boule et nous sommes tout guillerets de la prendre dans la figure et de déguster l’orange dans la foulée, en cadeau nous sommes tout contents de constater que pour une fois notre égocentrisme ne nous place ailleurs et hors de la trajectoire de la boule, c’est que ça fait du bien de se mettre l’égocentrisme sous le bras, de passer à la douche froide du réchauffement climatique et de manger de bonnes vitamines bonne mine



l’affreux réchauffement

C’est, qu’on se le dise, que de cinq à sept, la nuit, pas le soir, La Miss est chavirée et est accouplée à des pensées qui vont et viennent dans son ciboulot, des trucs et des bidules qui la dérangent et l’agacent et l’irritent, des choses et autres qui le réveillent et plantent leurs dents bien fermement dans son cuir chevelu jusque dans ses rêves qui tournent en eau de boudin et se cauchemardisent, ceci a pour double effets que premièrement elle ne sort plus sans sa blonde perruque et que deuxièmement elle ballade des crocos un peu partout, manière de sublimation et de volatilisation en forme d’éclat de sourire qui lui fait du bien au cuir chevelu et lui débouchent les tuyaux du ciboulot



5 à 7

Le temps qu’il fait et qui c’est sûr et certain nous défait, est une matière que pétrit La Miss et qu’elle plie à son bon vouloir, il y a qu’à voir son visage tout en stalactites glacés tandis qu’elle ne bouge pas d’un cil, d’autres sauteraient bras en l’air bras en bas, s’ébroueraient, feraient un feu de brindilles de mélèze, alors que La Miss, hors des contingences du climat, nous donne à voir son Buster Keaton, c’est qu’elle possède la résistance afin de pouvoir plier à son bon vouloir, la résistance est un don qui ne lui est pas tombé du ciel mais qu’elle s’est forgée en acier trempé et en drapeau orange dans la grande forge du refus et du non qui dit non à celles et ceux qui brûlent notre oxygène et mangent l’herbe tendre jusque sous nos pieds



résistance

Et aussi, force est de le constater et l’ayant constater de le dire c’est la moindre des choses, La Miss même son reflet elle l’a apprivoisé, même sont reflet regarde dans la même direction qu’elle, c’est qu’elle sait qu’il lui faut plus de deux yeux pour voir et savoir et faire avec son savoir-faire, le double lui suffit et le compte est bon, deux yeux pour voir quoi il y a devant elle plus deux yeux pour voir ce qu’elle a derrière la tête quand elle regarde devant elle, ubiquité qui lui permet un raccourci de vision qui lui permet un abrégé de pensée qui lui permet une vitesse d’exécution, une vitesse et une précision et une pureté d’exécution puisque rien ne se perd en route tout ce voit et se sait et se fabrique dans la même seconde



ubiquité

La Terre n’est pas une orange bleue mais la Terre est une orange qui a des bleus à force de s’en prendre plein le nez, plein le pnb et la couche d’ozone, de son côté La Miss récolte quelques oranges, les sauve, les câline, passe toute sa journée à jouer avec elles afin de les distraire et de les égayer, de leur faire prendre l’air et de leur offrir un second souffle, le soir venu, La Miss tout de même fort éreintée, va se coucher et se rêve multipliée en trois ce qui lui permettrait de bien plus grosses récoltes et des distractions oranginesques bien plus conséquentes, et la doterait de trois cerveaux et du triple de rêves où elle pourrait imaginer de bien plus vastes actions qui grosso modo feraient le tour de la Terre



des bleus

Mais il faut, quand on y pense c’est dingue tout ce qu’il faut, dingue comment la liste des il faut s’allonge, mais il faut, dingue ce que nous avions cru réglé et qui aujourd’hui réclame notre assistance, mais il faut aussi sauver les crocos qui à l’heure d’aujourd’hui n’ont plus que des glaçons à se mettre sous les crocs, on en voit ici et là déjà crevés, là-bas et ici des à la dérive, l’heure est importante et urgente, la mission est de toutes les priorités, le il faut et péremptoire, seul l’a vue La Miss et ses grands yeux pleins de cœur et de savoir, pleins de gentillesse et d’allégresse, et La Miss se lève de bon matin se nourrit comme sept et y va, tenez bon les crocos, ne lâchez pas, la voilà



des glaçons 

et des crocos

Et encore on regarde faire La Miss, et tout d’un coup un coup un seul cette vision nous donne des ailes, mieux que des ailes nous redonne des pieds, déjà ils piaffent à l’écurie, déjà ont mis leurs brodequins et déjà s’en vont en avant de nous, c’est que les pieds sont bien plus rapides que nos têtes, ont franchement plus d’aise et moins d’arrière-pensées, freinent moins et s’émancipent plus facilement, et nous voilà donc en route vers de nouvelles aventures, mais lesquelles au fait ? mais celles que procurent les visions évidemment, ô magnificence de la force de La Miss qui agit comme un aimant, met les boussoles à l’endroit et nous offre le chemin à suivre, mieux envoie nos pieds en éclaireurs



les pieds

En attendant des jours meilleurs peut-être bientôt, le monde glisse et tombent les oranges et La Miss s’est fait un œil au beurre noir orange, y’a des jours comme ça même dans la vie de La Miss où il serait préférable de rester devant la télé ou de tenter un sodoku sans se poser plus de question que il va où le 2 ? mais bon, La Miss a plusieurs cordes à son arc et elle ne tarde pas à ramasser toutes les oranges tombées sur le quai et à se remettre en route et à se rejoindre dans son trou de neige où y’a des oranges à disposer en rond justement pour qu’elle fasse la ronde, justement dans le sens des aiguilles de la montre justement pour entrainer le monde avec elles afin qu’il glisse moins sur les bas-côtés de son histoire



y’a des jours

La Miss, nous le savons tous, est muette, or de petits chariots de mots sortent d’un peu partout d’elle et s’en vont tout peinardement jusqu’à nos oreilles, ça nous fait de la paille pour nous réchauffer, des haricots vers et du comté AOP pour nous sustenter, des pavés de dessous la plage pour nos barricades et de la colle forte pour recoller tout un tas de machins que la grisaille et le grand chef a cassés comme l’éléphant dans le magasin de porcelaine de nos vie, pour des demain qui ne chanteront pas forcément nous ouvrons des répertoires où nous consignons toutes les vitamines que nous envoie La Miss en même temps que ses oranges


muette


 

DEREGLEMENT- MAROC

 


 





 


Fable photographique- Dérèglement

 


Quand le climat est détraqué, les crocodiles remontent vers le cercle polaire, les ours blancs grillent dans les déserts, et les oranges font n’importe quoi. Au Maroc et en Suède, nous avons débuté une fable photographique sur le dérèglement climatique. Nous continuons dans ce troisième volet avec l’Islande, île d’eau de glace et de feu. Ici comme ailleurs le réchauffement réduit la taille des glaciers, mais l’activité volcanique menace les humains de représailles. Notre prochaine destination est Dubaï, pour sa démesure aux antipodes de celle de l'Islande. Alors  nous  présenterons une sélection parmi l'ensemble de ces images qui, à travers le personnage fantasque de Miss O’Range questionnera l’impact sur l’environnement du comportement irrationnel des humains.
Les images d'Islande sont là, cliquez sur le livre, que vous pourrez feuilleter en ligne, et même en plein écran. Cela peut prendre quelques secondes à télécharger : http://www.blurb.fr/b/3517228
On peut également feuilleter en ligne les premiers volets de Miss O'Range réalisées au Maroc et en Suède, c'est ici : http://www.blurb.fr/b/3166162

Articles sur Miss O'Range

 

 Cassandre, sur Caroline Amoros alias Miss O'Range :

[…] Partout, les créations chargent frontalement la violence de la guerre, du capitalisme et de l’argent. Caroline Amoros s’est trouvée une nouvelle couleur. Orange! Des oranges amères, «oranges au goudron amer», oranges peintes en noir-goudron, oranges écrasées sur le bitume. Sur le bitume, Miss O’range écrit ses réflexions et citations, en orange. Après Madame LeJaune, ça tombe à pic, surtout à Aurillac où les bus du réseau urbain sont d’un orange pétant, autant que le logo du supermarché devant lequel elle s’installe. Sa zone d’intervention se situe dans le non-lieu d’un centre commercial, son rond-point, ses parkings. Poupées Barbie carbonisées au barbecue, douchées à la limonade (orange) ou mitraillées au fusil paintball, en orange évidemment. Amoros déverse autant d’aliments que Rodrigo Garcia, mais dans la rue, c’est mieux accepté que sur scène. Et les propos de Caroline Amoros  amis Princesse Peluche sont mieux ciselés, plus incisifs. Sa violence finement distillée est condensée dans des anti-icônes de notre sainte-consommation, des images qui tombent comme des couperets[…]


 
                             La Madone des ronds-points

Pour sa  nouvelle création « Miss O'Range », Caroline AMOROS la  développe sans dire un mot entre deux supermarchés et des ronds-points de circulation, au cœur de l'urbanité.
Au milieu de la rue qui longe une grande surface, une femme habillée en tailleur orange choisit une de ses cannes de golf et fait des swings dans des oranges disposées sur le macadam. Drôle, pas seulement.
La performance prend tout son sens lorsqu'on lit sur le pourtour d'un rond-point, terme de son golf urbain, cette phrase bombée :
« La première balle qu'un soldat français a tiré sous le laqué azur de ce ciel d'Algérie, elle s'est logée dans une orange. »
Plus tard, sur le parking d'un magasin Leclerc, elle dispose des roses blanches sur une croix gammée orange et les piétine tandis que l'on entend une chanson célèbre (« c'est aujourd'hui dimanche… »), dans laquelle un enfant offre à sa maman des roses blanches.
Un tract sur papier orange, distribué aux spectateurs, raconte ce qu'était le groupe de résistance la Rose blanche fondé en 1942 par deux étudiants de Munich (ils finiront guillotinés).
Après quoi le public divisé en deux est convié à une bataille d'oranges, avant que tout se termine en musique au milieu d'un rond point entouré par le flot des voitures. 
 
post du 23/8, l'article de la Montagne = la terre est une orange bleue //



MISS O’RANGE- ٱلْمَغْرِب MAROC

 

MISS O’RANGE- TATTOO

En marge de " Miss O'Range " la performance de Caroline Amoros au festival Awaln'Art de Marrakech Caroline Amoros a invité Arno-le-Tattoo à tatouer des oranges dans le souk.








Caroline Amoros alias Princesses Peluches alias Miss O'Range a performé à Marrakech, Maroc, dans le cadre du Festival Awaln'Art. Pour cette performance - non annoncée au public - Caroline Amoros avait invité Arno le Tattoo à tatouer des oranges.


 
PERFORMANCES MARRACHECH






 PERFORMANCES PHOTOGRAPHIQUES MAROC















La Miss par Rémi CHECCHETTO

La Miss par Rémi CHECCHETTO


Le monde de ce siècle le vingt-et-unième dans la liste, en est à sa genèse, ça sent le souffre et la glace, c’est pas trop le matin du monde et son haleine est chargée en voulez-vous en voilà, néanmoins des enfants naissent encore qu’on promène dans des poussettes et qui verront peut-être la fin de ce vingt-et-unième, La Miss n’est pas déjà arrivée, tardive est un peu son arrivée qui sera néanmoins éclatante et salvatrice, d’ailleurs tenez la voilà entre chien et loup avec un vert croco, et le monde d’un coup fait ouf, c’est que le monde qui est aussi barbouillé que tracassé, a néanmoins des yeux partout et sait que là où passe La Miss ça remet de l’ordre dans ses synapses, de l’allégresse dans ses rouages et du bonus à sa  partie,  aussi soupire-t-il une  seconde fois 

ouf
 
Tous les jours sont jours de pleine lune, les jours comme de nuit, tous les jours comme de nuit c’est pincez-nous nous rêvons y’a des crocos sur la glace, des oranges sur la neige, des Miss la même partout en plusieurs exemplaires, des mirages en voulez-vous-en-voilà, des miracles à tous les étages, tous les jours comme de nuit y’a le train-train qu’est plus là, on voit le monde comme par le grand bout de la lorgnette, l’horizon en est carrément plus large, on y voit plus clair, la planisphère est une orange toute orange, on sourit et rit, ça sort de notre bouche en buée bleue, on échappe immédiatement à l’anonymat cruel dans lequel nous sommes jetés, nous sommes ceux qui sourient et rient tandis  que  les crocos  avancent  dans  la ville

des miracles

C’est qu’elle est ainsi, La Miss, elle n’hésite pas à se hisser sur ses propres épaules pour penser plus haut et faire plus beau, elle n’hésite pas plus à avoir vingt bras et autant de mains et autant de jambes et pieds pour vous transformer le paysage et vous changer le quotidien, c’est qu’il lui faut tout ceci et cela pour traduire ce qui se chante doucement dans sa tête et le métamorphoser en faits et gestes et oranges et crocos, tout ce qui se chante dans sa tête doucement et comment dire ? tumultueusement ? tapageusement ? non, plutôt des chansons douces qui franchissent allègrement des rivières pleines de crocos là où des ponts côtés en bourses les passent pesamment, les passent et  les font même craquer  jusqu’à  les briser

ce qui chante

On regarde faire, La Miss, c’est rafraîchissant comme un verre de Volvic, c’est guai comme une bulle de Perrier, on en retrouve nos zygomatiques, on pensait que faute de servir ces derniers temps ils avaient quitté notre morphologie, mais non, nous les avons encore et en bon état de fonctionnement en prime, d’accord, ils étaient chouia rouillés et coincés, chouia poussiéreux et presque aux oubliettes de notre histoire, mais ça s’est dégrippé, un petit coup d’œil à La Miss croco sous le bras a bien suffit et les voilà tout ragaillardis, tout pimpants allant dans les crescendos du sourire, dans les dièses du bon rire, celui qui permet l’expulsion du vieil air que nous avions au fond des poumons et de toutes les  toxines  et turpitudes  qu’il  emmagasine 

un verre de Volvic

C’est que La Miss elle vous prend par exemple l’affreux réchauffement climatique dans les mains, jongle prestement et joliment avec, souffle trois petits coups dessus et vous en fait une boule de neige avec une orange comme noyau, et nous de notre côté nous nous mettons bien en face de la trajectoire de la boule et nous sommes tout guillerets de la prendre en plein dans la figure et de déguster l’orange dans la foulée, en cadeau nous sommes tout contents de constater que pour une fois notre égocentrisme ne nous place ailleurs et hors de la trajectoire de la boule, c’est que ça fait du bien de se mettre l’égocentrisme sous le bras, de passer à la douche froide du réchauffement climatique et de  manger de bonnes vitamines bonne mine

l’affreux réchauffement

C’est, qu’on se le dise, que de cinq à sept, la nuit, pas le soir, La Miss est chavirée et est accouplée à des pensées qui vont et viennent dans son ciboulot, des trucs et des bidules qui la dérangent et l’agacent et l’irritent, des choses et autres qui la réveillent et plantent leurs dents bien fermement dans son cuir chevelu jusque dans ses meilleurs rêves qui tournent en eau de boudin et se cauchemardisent, ceci a pour double effets que premièrement elle ne sort plus sans sa blonde perruque et que deuxièmement elle ballade des crocos un peu partout, manière de sublimation et de volatilisation en forme d’éclat de sourire qui lui fait du bien au cuir chevelu et  lui  débouchent  les tuyaux  du  ciboulot

5 à 7

Le temps qu’il fait et qui c’est sûr et certain nous défait, est une matière que pétrit La Miss et qu’elle plie à son bon vouloir, il y a qu’à voir son visage tout en stalactites glacés tandis qu’elle ne bouge pas d’un cil, d’autres sauteraient bras en l’air, bras en bas, s’ébroueraient, feraient un feu de brindilles de mélèze, alors que La Miss, hors des contingences du climat, nous donne à voir son Buster Keaton, c’est qu’elle possède la résistance afin de pouvoir plier à son bon vouloir, la résistance est un don qui ne lui est pas tombé du ciel mais qu’elle s’est forgée en acier trempé et en drapeau orange dans la grande forge du refus et du non qui dit non à celles et ceux qui brûlent notre oxygène et mangent l’herbe tendre jusque sous nos pieds

résistance

Et aussi, force est de le constater, et l’ayant constaté de le dire, c’est la moindre des choses, La Miss même son reflet elle l’a apprivoisé, même sont reflet regarde dans la même direction qu’elle, c’est qu’elle sait qu’il lui faut plus de deux yeux pour voir et savoir et faire avec son savoir-faire, le double lui suffit et le compte est bon, deux yeux pour voir quoi il y a devant elle plus deux yeux pour voir ce qu’elle a derrière la tête quand elle regarde devant elle, ubiquité qui lui permet un raccourci de vision qui lui permet un abrégé de pensée qui lui permet une vitesse d’exécution, une vitesse et une précision et une pureté d’exécution puisque rien ne se perd en route tout se voit et se sait et se fabrique dans la  même seconde

ubiquité

La Terre n’est pas une orange bleue mais la Terre est une orange qui a des bleus à force de s’en prendre plein le nez, plein le pnb et la couche d’ozone, de son côté La Miss récolte quelques oranges, les sauve, les câline, passe toute sa journée à jouer avec elles afin de les distraire et de les égayer, de leur faire prendre l’air et de leur offrir un second souffle, puis le soir venu, La Miss tout de même fort éreintée, va se coucher et se rêve multipliée en trois ce qui lui permettrait de bien plus grosses récoltes et des distractions oranginesques bien plus conséquentes, et la doterait de trois cerveaux et du triple de rêves où elle pourrait imaginer de bien plus vastes actions qui, grosso modo, feraient le tour de la Terre

des bleus

Mais il faut, quand on y pense c’est dingue tout ce qu’il faut, dingue comment la liste des il faut s’allonge, mais il faut, dingue ce que nous avions cru réglé et qui aujourd’hui réclame notre assistance, mais il faut aussi sauver les crocos qui à l’heure d’aujourd’hui n’ont plus que des glaçons à se mettre sous les crocs, on en voit ici et là déjà crevés, là-bas et ici des à la dérive, l’heure est importante et urgente, la mission est de toutes les priorités, le il faut est péremptoire, seul l’a vue La Miss et ses grands yeux pleins de cœur et de savoir, pleins de gentillesse et d’allégresse, et La Miss se lève de bon matin sur le pied  droit, se nourrit comme sept et y va, tenez bon les crocos, ne lâchez pas, voilà La Miss

des glaçons 
et des crocos

Et à nouveau et encore on regarde faire La Miss, et tout d’un coup un coup un seul cette vision nous donne des ailes, mieux que des ailes nous redonne des pieds, déjà ils piaffent à l’écurie, déjà ont mis leurs chaussettes et brodequins et déjà s’en vont en avant de nous, c’est que les pieds sont bien plus rapides que nos têtes, ont franchement plus d’aise et moins d’arrière-pensées, freinent moins et s’émancipent plus facilement, et nous voilà donc en route vers de nouvelles aventures, mais lesquelles au fait ? mais celles que procurent les visions évidemment, ô magnificence de la force de La Miss qui agit comme un aimant, met les boussoles à l’endroit et nous offre le chemin à suivre, mieux envoie  nos pieds en éclaireurs

les pieds

En attendant des jours meilleurs peut-être bientôt, le monde glisse et tombent les oranges et La Miss s’est fait un œil au beurre noir orange, y’a des jours comme ça même dans la vie de La Miss où il serait préférable de rester devant la télé ou de tenter un sodoku sans se poser plus de question que il va où le 2 ? mais bon, La Miss a plusieurs cordes à son arc et elle ne tarde pas à ramasser toutes les oranges tombées sur le quai et à se remettre en route et à se rejoindre dans son trou de neige où il y a des oranges à disposer en rond justement pour qu’elle fasse la ronde, justement dans le sens des aiguilles de la montre justement pour entrainer le monde avec elles afin qu’il glisse moins  sur les bas-côtés de  son histoire

y’a des jours

La Miss, nous le savons tous, est muette, cependant de jolis petits chariots de mots sortent d’un peu partout d’elle et s’en vont tout peinardement jusqu’à nos oreilles, ça nous fait de la paille pour nous réchauffer, des haricots verts et du comté AOP pour nous sustenter, des pavés de dessous la plage pour nos futures barricades et de la colle forte pour recoller tout un tas de machins et trucs que la grisaille, la bourse et le grand chef a cassés comme l’éléphant dans le magasin de porcelaine de nos vies, suite à quoi, pour des demain qui ne chanteront pas forcément nous ouvrons des répertoires où nous consignons toutes les vitamines bonne mine que nous envoie La Miss en même temps que ses oranges  et ses gentils  petits mots

muette

Nous l’avons déjà vu, le monde est parfois une peau de banane sur laquelle glisse La Miss qui en perd ses oranges et un peu son latin pourtant de terminale littéraire, mais à quoi cela tient-il au juste ? les frimas du climat, nous en sommes tous d’accord, mais encore ? mais aussi les problèmes gastriques de la Terre qui font ici et là des flaques glissantes, sans doute encore cela vient-il de quelque chose de détraqué dans l’oreille interne de La Miss, certainement à un petit poil de l’équilibre sectionné net par les infos, les nouvelles de grand chef et  de celles de l’ours polaire ursus maritimus, bien, bien, bien, ceci dit afin de mettre d’avantage d’épaisseur au monde dans laquelle avance La Miss, et nous avec par la même belle occasion

peau de banane

Le monde perd régulièrement une heure qu’il regagne quelques temps après, ça s’appelle le décalage, d’un autre côté le monde perd des lits qu’il ne regagne pas, ça s’appelle la disette de literie, ceci dit ainsi afin de le dire doucement, et voici que La Miss est rattrapée par ce bordel ambiant, pour le dire autrement, et qu’elle pose sa presque royale carcasse sur des cartons, oui, carcasse plutôt que corps car lorsqu’on est contraint de dormir dehors on en est presque à l’équarrissage, ceci dit crûment, mais le monde n’est-il pas ainsi, ne dit-il pas vertement alors qu’il se prétend mûr ? et voyez donc La Miss couchée sous un feu   rouge comme si elle exhortait le monde de bien vouloir s’arrêter, s’il te plaît le monde  arrête maintenant  cette  inhumanité 

literie

C’est que tout de même c’est une époque qui a de grandes propensions à la croix et à la bannière et de fortes dispositions au n’importe quoi, La Miss le sait, La Miss le vit, La Miss le voit du pont du bateau, voit les crocos perdus sur la banquise, y’en a même déjà un qui ne suit plus, sûr que celui-ci n’a plus de compte en banque et ne peut plus s’acheter son beefsteak, va bientôt crever sur le bas-côté de l’époque, c’est que c’est comme ça, c’est paie ou crève pour les crocos, et celui-là finira même pas en sac à main pour mémé ni pour p’tite pépé, c’est que le croco malnutri ça vous fait une peau rétrécie et vergeturée et craquelée pas souple et pas belle du tout, cependant que vogue le navire qui emporte  La Miss  vers un futur,  c’est certain,  incertain 

la croix et la bannière

Et c’est maintenant un autre jour La Miss se fait faire un œil bleu sans doute même les deux, ce que nous pouvons en dire de prime abord c’est que c’est joli, ce que nous pouvons en dire de second abord c’est que c’est sans doute pour faire la jolie, c’est que le monde a de fait un besoin irrésistible de jolies choses et que La Miss qui sait tout, le sait, surtout en ce moment où le diable s’invite plus que souvent un peu partout, donc La Miss ajoute du beau qui nous le savons a la vertu de rendre l’air plus riche en oxygène et donc de nous rendre plus guilleret à le respirer, et aussi permet de faire des flammes plus chaudes sous la casserole de cassoulet, aussi pouvons-nous passer plus vite à table, donc, allez à table !

le beau

Voyez-là ici dans cette manière de gros brouillard, va-t-il l’effacer et ne rien laisser d’elle pas même les lacets de ses brodequins ? ou va-t-il s’en aller et la laisser toute nette et resplendissante et toute tranquille ? autrement dit le monde et ses ruses et ses décrets pour nous éliminer va-t-il être le plus fort ? suspens, respiration coupée, pouls rapide, non pas suspens et sueurs froides puisque nous la connaissons par cœur La Miss, connaissons ses exploits et savons qu’elle aura le dernier mot, qu’elle persistera et signera, et que le monde en restera coi, s’en ira sa queue de diable sous le bras avec son brouillard et ses embrouilles, ah là là, va-t-en Satan, va en enfer et laisse-la, laisse-nous peinards

suspens

La Miss, n’en doutons pas un centième de seconde, c’est de l’autre côté du monde qu’elle envoie des oranges, de l’autre côté là où justement il n’y en a pas, des oranges, où cela manque cruellement, manque infernalement, là où les gens en rêvent la nuit, y pensent toute la journée, les cherchent partout, les cherchent avidement, fiévreusement, goulûment, et La Miss qui multiplie les oranges comme des petites pains leur en envoie d’un coup de canne magique, le hic, c’est que des fois ça tombe pile sur la tête des gens, mais bon, ajuster un tir de 18 000 kilomètres ce n’est pas si facile que cela, même si nous pouvons affirmer que les tirs de La Miss sont de véritables frappes chirurgicales

frappes chirurgicales

Mais au fait, au fait, soyons au moins une fois raisonnable et demandons-nous : comment se fait-il que La Miss soit tant prise en photo et qui plus est en photos si bellement réussies ? en réalité c’est une illusion d’optique puisque La Miss n’est jamais prise en photo, en réalité vraie et en vérité réelle c’est la persistance rétinienne qui agit là, en effet les faits et gestes de La Miss sont tellement éclatants, ses prouesses sont tellement éblouissantes que nous en avons la rétine et le fond de l’œil durablement imprimés, les nerfs optiques absolument électrisés et le disque dur du cerveau complètement enchanté, l’humeur aqueuse et l’humeur vitrée totalement de bonne humeur, tant et mieux que cela allège considérablement  nos semelles 

photo



Les crocos, reparlons en, ils le méritent très bien, les crocos sont accablés, les crocos sont attablés à la table du pire qui leur arrive et sont accablés, et avancent encore où ils le peuvent, tant qu’ils le peuvent, avancent de nuit de préférence, ils ont tout perdu, ont perdu les eaux tièdes, ont perdu les jeunes antilopes et les perroquets, ont perdu les temps d’insouciance où jouaient à saute-mouton sur des berges boueuses, c’est que les temps sont durs, le monde marche sur la tête et eux qui ni comprennent plus rien marchent et  crèvent, oui, le monde a transformé le ou en et, et voilà les crocos prisonniers d’un infernal et inéluctable destin, pauvre d’eux, pauvre de nous si le et nous attrape

le ou en et

Et puis non non absolument pas, non, non vraiment pas, La Miss ne désire absolument pas et vraiment pas s’embourber dans l’incognito, s’enfoncer dans l’anonymat, se cacher derrière le masque de l’innocent comme pas mal de monde en ce moment, la preuve, la voici qui ôte sa blonde perruque et nous apparaît à visage découvert, preuve en est, s’il en est encore besoin, que La Miss n’est ni Zorro ni une terroriste même si ses actions sont directes, non, La Miss est La Miss, elle laisse ses empreintes digitales partout et dans la neige l’empreinte de ses brodequins achetés 124 euros 99, à Chaussures Dubourg 25, avenue Jean Jaurès 39000 Lons le Saunier d’une carte bleue au nom de Caroline Amoros puisque  vous voulez tout savoir  et rien payer

Caroline Amoros

Mais, mais, vous exclamez-vous, tout ce que fait La Miss dans la neige est-il finalement un coup d’épée dans l’eau si finalement l’ours polaire ursus maritimus brûle ? est-ce que c’est la fin de haricots si ainsi il s’en va en fumée et en cendres ? du calme, rétorquons-nous, du calme, d’abord ce n’est pas un vrai polaire ursus maritimus, c’est un en peluche made in China, ensuite c’est un cri, un cri que pousse La Miss, ou plus exactement une prière qu’elle fait puisqu’elle est alors à genoux, c’est que La Miss ne recule vraiment devant rien et s’adresse même au Bon Dieu et à ses saints pour que cesse tout ce bazar qui bazarde les pôles, et si le Bon Dieu n’est pas mort lors d’une grève de la faim pour les sans-papiers,  sûr qu’il  fera  un pt’it  quelque  chose

le Bon Dieu

Et tout simplement et tout bonnement, au pied de l’arbre en hiver, les oranges de La Miss, c’est que c’est ce soir le Noël du monde et que l’arbre fait ses cadeaux, dans chacune des oranges il y a la carte du monde quand le monde est sage, il y a la boussole du monde lorsque le monde ne perd pas le Nord, il y a aussi des dominos afin que le monde réapprenne à compter sur lui, et aussi des puzzle pour se refaire, et aussi des stylos quatre couleurs afin que le monde se fasse de joli desseins, et encore il y a dedans les oranges des livres qui n’ont pas été écrits afin que pendant mille et une nuit le monde vienne y poser, afin de s’en séparer, ce qui l’ennuie, ce qui le désole et ce qui carrément le  débecte et  qui  profondément  l’emmerde 

dans les oranges

Oh ! un autre arbre et son Noël, quel bonheur, et en prime des oranges garnies de ceci et cela que nous connaissons, il a La Miss à son pied, quelle chance il a le veinard, du coup le monde qui est autour de lui est tout content et tout frétillant et tout imaginatif et lui envoie directement un beau train rose, même qu’à l’intérieur du beau train rose il y a une colonie de vacances de Noël avec 72 bambins, même que leurs 144 yeux voient l’arbre, voient les oranges et voient La Miss, ça nous fait instantanément 144 yeux tout ébahis et tout ébaubis, et 72 cerveaux touchés en plein cœur prêts à se mettre en route pour confectionner des repas protéinés pour les crocos, c’est chouette comme tout, c’est  chouette  comme tout et c’est  énorme

c’est énorme

Il faut dire, et même il est nécessaire de dire que grand chef irrite considérablement La Miss, outre qu’il agit comme un pachyderme dans le magasin de porcelaine de sa vie, il n’arrête pas d’être partout, de se mêler de tout ce qui ne le regarde pas et que d’ailleurs il ne comprend pas le moins du monde, tenez, n’est-ce pas lui qui casse nos tours de Légo ? les yeux qui sont dans la soupe ne sont-ce pas les siens ? les glouglous la nuit dans les radiateurs n’est-ce pas lui ? et cetera et cetera, La Miss en a les nerfs en boule et il lui arrive fréquemment de viser la palais de grand chef avec son golf d’oranges, manque de bol la défense aérienne les détruits en vol au-dessus des bidonvilles  qui  du  coup  sont tout  maculés

les nerfs en boule

Donc, récapitulons un chouia, le monde souffre d’une disette de literie, glisse comme une peau de banane que La Miss qui a certainement un petit poil de l’équilibre sectionné net par les infos tente de soulager avec des oranges lors de frappes chirurgicales, notez bien au passage que ce monde dont nous parlons était le monde d’avant Fukushima à l’époque où ursus maritimus pouvait manger du phoque sans craindre que son polaire s’illumine comme une balise argos, bref, voyez-là des deux mains appuyée sur son bâton, voyez-là regarder tout ça et se cogiter comment elle pourrait intervenir pour qu’au moins le monde passe à l’orange, ralentisse et regarde bien à gauche et  à  droite  avant  de  continuer  son  chemin

récapitulons

Puis c’est le soir et elle se rend, non, puis elle va chez le marchand de fruits et de fleurs du coin de la rue, et hop, les haut-parleurs qui diffusent radio nostalgie se transforment en un groupe néo punk plutôt bien coiffé, c’est souvent comme ça avec La Miss, ça fait souvent hop quand elle entre dans une boutique, ce n’est pas toujours du goût du marchand parce que les gens n’achètent plus et écoutent et regardent la zique, c’est qu’en réalité La Miss est aussi une empêcheuse de dépenser en rond, garde tes ronds qu’elle dit, ne les sème pas à tous vents, n’enrichie pas le capital, ne t’inquiète pas je t’envoie trois kilos d’oranges ce soir via la voie des airs, t’auras juste à ouvrir  une fenêtre pour être livré à  domicile

hop

Comme nous le voyons La Miss a des lunettes oranges, en réalité ce ne sont pas des lunettes, ce sont des œillères, ainsi, à l’inverse des chevaux, ne voit-elle pas devant elle mais ce qu’il y a sur les côtés, c’est qu’elle ait tout et qu’elle n’ignore pas que l’on veut nous faire voir ce qui se passe en face alors que tout se passe sur les bas-côtés, dans l’ombre, hors caméras et micros, c’est la tactique de grand chef, ainsi La Miss forte en vision est-elle au courant de tout un tas de choses qu’elle nous livrera aux prochains épisodes, d’ailleurs le doux bruit court qu’elle prépare pour bientôt un road movie entre Brest (29200, Finistère) et Brest (Biélorussie), faudra qu’on chausse nos lunettes  afin de  bien mieux  l’entendre

de Brest à Brest

Il y a fort à parier que La Miss a la police aux trousses, qu’Interpole est au courant, la CIA aussi, que sa photo est dans tous les commissariats, mauvaise photo photocopiée en noir et blanc, d’accord, mais bon, c’est sa trombine tout de même, et les policiers, quand ils n’usent pas leurs matraques et quand ils ne poussent pas des gens dans des charters et quand ils ne détruisent pas des caravanes et quand ils n’interpellent pas les écrivains, passent le temps de leurs diables journées à reluquer la foule à la recherche de la délinquante, dans la poche d’anorak de laquelle ils mettront vite fait 200 grammes de coke et l’œuvre complète de José Bové reliée en peau de chèvre,  bref,  de quoi passer trente ans aux  galères

police

En fait d’où vous vient cette idée fixe que nous osons qualifier de lubie nerveuse ? pourquoi tant d’encensement ? pourquoi un tel engouement ? d’où vous vient qu’ainsi vous fassiez tant l’apologie de La Miss ? et La Miss par-ci et La Miss par-là, et tatati et tatata, c’est vrai ça, y’a d’autres gens tout de même au catalogue des célébrités qui ont bien le droit au panégyrique et au dithyrambe, tout de même et franchement vous exagérez avec votre La Miss, tenez y’a Eddy Merckx par exemple, ce à quoi, devant tant de mauvais fois nous répondons ben ça alors remplacer La Miss par Eddy Merckx, les oranges par des vélos, le grand chef par Poulidor et l’affaire sera jouée quelle   bonne  idée vous  avez là,  merci  beaucoup

Eddy Merckx

Et des fois nous ne voyons plus La Miss, c’est qu’elle estime alors que nous n’avons pas à être témoin de choses et autres, en effet à quoi bon la voir quand elle est au guichet de la sécurité sociale, quand elle fait la caissière chez Carrefour pour arrondir ses fins de mois ? et à quoi bon l’entendre quand elle discute de la pluie et du beau temps avec le boucher ou quand elle chante faux sous la douche ? ben oui, tout n’est pas bon dans La Miss, elle est comme tout un chacun ici bas, et il lui arrive même de se regarder dans le miroir en se tirant la langue, et en plus c’est même pas pour rigoler, c’est qu’elle se trouve ne faisant pas assez ceci ou cela, ben oui, La Miss n’échappe pas à la règle des bipèdes et elle  est de fait comme tout un chacun  ici bas

la sécurité sociale

Et devant elle l’avenir qui comme pour tout le monde est une boule de neige qui fond doucement mais sûrement, mais bon, c’est pas grave, elle ne se bile pas, elle laissera sa perruque derrière elle, et puis ça la fait rire d’avance en voyant la binette des policiers quand ils liront son avis de trépas en se disant que merde alors ils n’ont pas réussi à la coincer, et puis elle se console en se disant que grand chef cassera la sienne de pipe avant elle, et puis elle n’est pas unique, elle existe au moins en sept exemplaires qui continueront à envoyer des oranges un peu partout de l’autre côté de la terre, et des fois, pour se réchauffer quand elle a un peu le moral dans ses brodequins, elle  pense à  sa mort  et ça va  bien  mieux

avis de trépas

Et ursus maritimus, que devient-il dans tout cela ursus maritimus ? et bien ça va comme-ci, ça va comme ça, hier il s’est tout de même requinqué en bouffant tout rond un croco dont il n’a recraché que les dents, La Miss qui n’est pour rien dans cette affaire s’est réellement réjouie, c’est qu’une nouvelle chaine alimentaire se profile donc et se met en place, voyez bon an mal an ça s’organise ici-bas chez le monde, elle en prend note, d’autant que chez le monde il y a aussi ici et là des peuples qui commencent à bouffer de leurs grands chefs, c’est toujours pareil, les hommes n’ont que peu d’imagination et prennent toujours modèle sur les nos amis les animaux, à quand enfin le  tour  de  grand  chef  ?  trépignons-nous

chaine alimentaire

Cela se dit de plus dans la famille poulaga, et même cela se dit avec de plus en plus d’énervement et de grands gestes avec des poings au bout, qu’il paraît que La Miss se déguise parfois en rose, parfois en jaune et qu’elle va même pousser le bouchon bientôt en se déguisant en blanc, vous vous rendez compte un peu, en blanc, bref ça craint carrément et les poulagas s’envoient des fax à qui mieux mieux, certains ont même sorti le fusil à pompe, La Miss, ça la fait bien rire sachant qu’elle est invisible à leurs yeux, même sa canne de golf et ses oranges sont invisibles, seuls les innocents en ont les yeux pleins, y’a qu’à voir, d’ailleurs les keufs ils l’ont loupée au Danemark et   même tout dernièrement à Amiens

invisible

Mais au fait, où est-elle en se moment, La Miss ? secret, que fait-elle en ce moment, La Miss ? elle vient de nous appeler, elle est à Amiens avec 70 majorettes et imagine brûler le drapeau de grand chef, voyez, ça chauffe un max, elle ne baisse pas les bras, voyez plutôt, elle aiguise ses dents de devant et même de derrière, il paraît même, ce n’est qu’une rumeur mais elle se précise, qu’elle dresse quelques dizaines de crocos qu’elle va lancer contre grand chef, c’est que ce dernier lui chauffe vraiment les oreilles et que la moutarde lui monte vraiment au nez, c’est, avouez-le, assez inconfortable et irritant d’avoir oreilles et nez importunés par un seul énergumène  qui  plus est de 1 mètre 48  avec les  talons 

la moutarde monte

Néanmoins pour nous, pour nous qui assistons à cela la bouche muette et les yeux tout en rond, ça demeure comme du miracle à tous les étages, tandis que s’amenuise la distance qui nous sépare de la légèreté, nous en entendons même fréquemment des oiseaux commettre de jolies valses et de tout aussi jolis menuets que nous tapotons du pied sur le carrelage de la cuisine, l’heure est donc à la légèreté et à son cortèges de bienfaits : nous sentons nos doigts picoter à la recherche déjà du premier pavé pour la barricade, nos poumons enflent considérablement pour le bouche-à-bouche pour les crocos, nous fabriquons même quelques rimes riches pour le nouvel hymne des pauvres  ou révolution  rimera riche  avec évolution

légèreté

C’est que oui les faits et gestes et les paroles muettes de La Miss nous donnent des ailes aux omoplates, une dent de croco et un chien de notre chienne contre grand chef, ce qui fait de nous de drôles d’animaux et c’est bien, et c’est même tant mieux, c’est que nous avons effectivement trop étudiés nos humanités et la musique et sommes trop cons, inhibés et immobiles que nous sommes devant ce qui se passe, La Miss nous ouvre la route, nous n’avons qu’à suivre ses traces dans la neige, plus qu’à mettre nos gestes dans ses gestes, des points d’exclamation à ses muettes paroles et ça finira bien par péter sous les talons de grand chef dont les archéologues du futur ne retrouverons plus que ses  venimeuses  paroles et  encore

drôles d’animaux

Cependant tous les jours que fait ce siècle le vingt-et-unième de la liste, le ciel se couche tous les jours dans un lit de plus en plus petit et sale, se lève tous les jours dans une chambre de plus en plus encombrée de crocos à la dérive et d’ursus maritimus sans domicile fixe et de personnes sans domicile fixe, tandis qu’aux alentours l’air est de plus en plus irrespirable, comme nous n’avons plus de nouvelles de La Miss nous la supposons au Japon, Don Quichotte brandissant sa canne de golf contre Fukushima, à moins qu’elle ne soit en Côte d’Ivoire en train de déchirer menu menu les chemisettes de Gbagbo qu’elle roule ensuite sous ses aisselles pour les golfer en direct en boules puantes sur la garnison de grand chef

tous les jours

Et les jours et les jours continuent, le banal et la grisaille nous regagnent petit à petit sans que nous ayons d’autres nouvelles nouvelles de La Miss, la légèreté qui est aussi volatile qu’un gaz rare nous quitte peu à peu et le pavé que nous avions en main pour la barricade a fondu comme glaçon dans le Pastaga, ainsi passent les jours tandis que nous continuons à imaginer La Miss, et cette imagination devient tellement présente et tant prégnante que nous la prenons comme faits et gestes réels de La Miss, ainsi l’a-t-on vue pour de bon colmater les fuites de gaz de schiste aux côtés de José à coups d’orange, elle était aussi avec ses crocos marcher à grands pas décidés, mais vers où ? notre  imagination  qui  a des  limites ne nous le  dit

imagination

Or voilà que ce matin à peine sortis du lit nous nous retrouvons en pyjama à la caisse de Carrefour avec 56 kilos d’oranges et pas des petites, des grosses, et pas des payantes, des gratis, et là nous découvrons combien l’art de La Miss est puissant, là est le grand art de La Miss qui nous travaille lentement mais sûrement, nous infiltre d’abord dans les visions puis dans les imaginations puis dans les commissions, même Victor Hugo n’a été jusque là dont les pavés demeurent des bouquins gentiment alignés dans la bibliothèque, non, l’art de La Miss est assurément actif, l’art de La Miss est absolument terroriste, pour preuve nos 56 kilos d’orange qui sentent très  bon pour de bon le TNT

le grand art

Et voilà, le grand art c’est du grand art et c’est tellement du grand art que pour de bon ça vous transforme le monde pour de bon en long en large et dans tous ses travers, les oranges sentent fort le TNT des jours meilleurs qui vont arriver bientôt, nos frigos sont ouverts en grand afin de lutter contre le réchauffement climatique, nous avons adopté un ursus maritimus qui vit dans notre baignoire, nous jouons aux fléchette sur un poster de grand chef grandeur nature (1 mètre 48 avec les talons), notre boulangère fait de petits pains en forme de croco qui sourient dont la vente va à la défense des crocos, d’autre part nous nous sommes acheté un survêt blanc pour la suite des opérations,  mais chut,  c’est  un  secret

tellement du grand art